APPEL À CONTRIBUTION POUR LE Nº 2 (2010)
Intitulé de la thématique : Pratiques de l’engagement
Gaïac. Revue de l’IUFM de Martinique lance l’appel à contribution pour son deuxième numéro, à paraître en 2010.
L’engagement est à l’honneur de ce numéro qui propose de rendre compte des différentes formes que peuvent adopter les pratiques de cette notion définie par le dictionnaire Robert, rappelons-le comme référence, comme Acte ou attitude de l’intellectuel, de l’artiste qui, prenant conscience de son appartenance à la société et au monde de son temps, renonce à une position de simple spectateur et met sa pensée ou son art au service d’une cause.
Notion qui traverse toutes les cultures et toutes les époques depuis l’Antiquité, souvent étroitement liée à la révolte, à la liberté et à l’identité, l’engagement a pris et prend des formes aussi diverses que les idéologies ou visions de monde qui les abritent à partir du moment où un individu ou une collectivité passent de la prise de conscience à l’acte, à partir du moment où l’on mène sa vie selon un but dont on a pris conscience, quel que soit le degré de succès final de cet acte. Ces deux dimensions de prise de conscience et de passage à l’acte sont fondamentales et inhérentes à l’engagement pour que celui-ci soit reconnu comme tel, indépendamment du jugement moral que chacun porterait sur un engagement particulier. Il ne faut cependant pas comprendre « passage à l’acte » en un sens uniquement physique : écrire, par exemple, est aussi un acte, sans doute celui que le Robert appelle « attitude » (qui n’a donc pas un sens passif).
Nous faisons appel à des travaux provenant de toute aire scientifique qui rendraient compte de cas remarquables d’engagement et/ou de son rôle central au niveau des repères identitaires des individus d’une société ou communauté données. On pourra s’interroger, par exemple, sur des cas d’engagement pour les principes républicains fondamentaux, sur de figures de l’engagement en littérature, en histoire, en art, sur les engagements qui président à la recherche en sciences exactes ou sur les limites entre la notion philosophico-sociale de l’engagement et des actes ou attitudes qui impliquent un engagement, dont le compromis, le contrat, la promesse ou le pacte, entre autres. On pourra approfondir la recherche sur des figures de l’engagement reconnues par la tradition et l’historiographie, étudier leur présence et leur influence ou encore s’intéresser à des figures contemporaines moins connues qui accordent à la notion de l’engagement une place privilégiée. Pour ne citer que quelques noms de référence étroitement liés à cette notion, on peut rappeler ceux de Spinoza, Voltaire ou Marx en philosophie ; Victor Hugo, Pablo Neruda ou Aimé Césaire en littérature ; Salvador Allende, André Aliker ou Ben Barka en politique ; Goya, Delacroix ou Botero en peinture ; Sergueï Eisenstein, Chris Marker ou Ken Loach en cinéma ; Wagner, Bartók ou Chostakovitch en musique ; Bakhtine, Lukács ou Auerbach en critique littéraire ; Spiegelman, Marjane Satrapi ou Carlos Giménez en bande dessinée… Ce n’est évidemment qu’un petit échantillon du canon qui peut servir de référence.
E. Bayard, illustration de Cosette pour Les Misérables de Victor Hugo (1862).
Nous ne saurions pas limiter la notion d’engagement au seul champ des sciences humaines, si vaste soit-il. On pourra étudier des cas (contemporains ou pas) semblables à celui de Galilée défendant l’héliocentrisme (sujet de la Vie de Galilée de Brecht), à l’engagement politique de Bertrand Russell ou à celui d’Albert Einstein pour le sionisme. Il ne faut pas non plus qu’il ne soit retenu que le sens peut-être le plus populaire d’engagement (depuis le XIXe siècle et la naissance des grands mouvements révolutionnaires) comme acte ou attitude de dénonciation publique ou privée d’une injustice politique ou sociale. Nous invitons à réfléchir sur la notion d’engagement aussi en tant qu’éthique traitée soit de façon théorique soit appliquée à des cas particuliers. Rappelons-nous le principe artistique d’Oscar Wilde sur l’esthétique, qui est bien une forme d’engagement contre la tendance à voir les œuvres comme porteuses de « messages » : l’art est « inutile » et le critique lui aussi serait un « artiste ». Dans « engagement » il n’y a pas que la dimension de « dénonciation » : il y a aussi la dimension de défense ou de démonstration de ses propres convictions, la création d’un espace (littéraire, artistique, philosophique ou autre) où ses idées sont figées, objectivées et transmissibles. N’importe quelle idéologie ou idée de monde peut bien faire l’objet d’un acte ou d’une attitude engagée, non limitée aux intellectuels et aux artistes, comme le dit de façon quelque peu réductrice le Robert.
En outre, du point de vue de nos pratiques professionnelles, on pourra étudier également l’engagement en s’interrogeant sur la place que les méthodes de formation d’enseignants accordent à l’investissement personnel de ceux-ci. Quelle est la place de cet investissement dans leurs pratiques ? L’engagement d’un enseignant doit-il être contrôlé et réglementé ou doit-on réserver la notion d’engagement pour faire référence à l’investissement dans son métier en dehors de ses « heures de travail » ? Peut-on être un bon enseignant sans être forcément passionné et dévoué envers son métier ? De quelles façons un enseignant peut-il comprendre son « engagement » ?
On pourra se demander aussi « comment ‘enseigner’ l’engagement ? » et essayer de répondre en s’appuyant sur la littérature, l’art ou l’histoire, par exemple. À quel point les programmes d’enseignement comprennent-ils des ouvrages engagés ? Dans quel but ?
Comme pour le numéro 1 de Gaïac, nous considérerons aussi des propositions libres sans lien avec la thématique principale, ainsi que des comptes-rendus d’ouvrages récents et des séquences d’enseignement. Les opinions des collaborateurs ne sauront pas engager, par contre, celles des responsables de la revue et seront considérées pour publication dans la mesure où elles se formulent de façon étayée et raisonnée.
On traitera les propositions en respectant le principe de l’anonymat. Une fois enlevés par nos soins le nom de l’auteur et toute trace permettant de l’identifier, l’article reçu sera expertisé par deux membres du comité de lecture et/ou du comité scientifique international de la discipline dont relève chaque travail. Les auteurs se verront ensuite proposés d’introduire certaines modifications ou d’adapter leur contenu et/ou leur forme aux exigences de qualité de la revue.
Les propositions et résumés d’articles d’une vingtaine de lignes environ doivent être envoyés avant le 1er décembre 2009, accompagnés d’une présentation de l’auteur en 5-6 lignes à J. CESPEDES, directeur adjoint de la revue, coordonnateur de ce numéro : jaime.cespedes@iufm-martinique.fr
NB : Si votre article concerne particulièrement le domaine hispanique, votre proposition devra être envoyée à Ève DERRIEN : eve.derrien@wanadoo.fr
NB : D’autres propositions à thématique libre seront également considérées.
Caractéristiques matérielles des textes
Le résumé de l’article devra compter de 15 à 20 lignes et être assorti d’une brève présentation de l’auteur en 5-6 lignes ; l’article final devra compter de 20 000 à 25 000 signes, espaces compris, police Times New Roman 12, simple interligne ; les citations doivent apparaître entre guillemets, sans italiques ; les notes doivent être infrapaginales.
Nota : la revue ne publie qu’en noir et blanc.