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  • : Caraïbe & cinéma
  • : Principe organisationnel du blog de travail : -dans les articles, il y a les idées d'articles (catégorie articles à rédiger), les appels à communication, et les éléments du dossier de thèse qui tjs est en construction ; tous les autres articles restent en non classé jusqu'à nouvel ordre. les pages renforment les infos générales collectées. Elles développent trois axes de connaissance : 1/Defining La Caraïbe 2/Cinéma caraïbe 3/éléments instiutionnels de ma recherche
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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 01:50

1er cinéma : 1899, Saint-Pierre, grâce au promoteur Filipi (activité diversifiée : docu, danses, manoeuvres militaires, courts métrages comiques

1903 : Méliès reconstitue l'éruption de la Montagne Pelée

1913 (à partir de) : Fort de France, le Bataclan, 1ere salle de projection régulière de W. Bardury : théâtre municipal mercredi, samedi et dimanche. ex de films : L'Arroseur arrosé, L'entrée du train en gare de la Ciotat, Le Comte de Monte Cristo.

séances de muet accompagnées de musiciens : qui ? qui jouait quoi ?

avant la II GM : FDF, le Gaumont de René Didier

31/12/39 : St Pierre, ouverture de la Salle Elizée de Maxence Elizé et sa soeur.  Projection de films américains ss titrés en français. voir dans les archives de la commune

1942 : ouverture à FdF du Ciné-théâtre de Maxence Elizé. Les salles sont alimentées en films en 16mm. quelle rue ? quel bâtiment ? que reste -t-il ?

  • 1950 - 1955 : Calypso  de Mighty Sparrow, de Merimen, venu de la Barbade, de Sainte-Lucie, de Trinidad ;
  • même période, tous dansent Meringue et Samba

1952 : FdF, l'Olympia de M. Elizé

  • vers 1965 : Compa (rara ?) : Scacha, Les Difficiles de Pétionville, Les Aiglons, ... Les dancings : La Cocoteraie, Le Tropicana.

Entre les années 60 et 80 : les cinémas sont le : Bataclan dit La Cigalle, aux Terres Saintville, Le cinéma Pacs, cinéma diocésain, Le Parnasse, une vieille maison à Sainte Thérèse, cinéma populaire, Le Kerliss, près de l'Eglise Saint Christophe de Sainte Thérèse, sur la route de Dillon, le cinéma Le Triomphe, rue Lieutenant Lacoste, Derrière l'Olympia Elyzée, rue Lazare Carnot, il y a le cinéma Gaumont qui est le 1er mais également le plus grand, sur l'ancienne route de Schoelcher, le cinéma Sainte Catherine, cinéma d'art et d'essai qui appartenait à M. Dasse, le Cinéthéâtre en face de la mairie et l'ancienne mairie de Fort-de-France était un théâtre.

  • retrouver la chanson parlant de la sortie au cinéma par Francisco, dont le tube a été "Caroline"
  • retrouver également la chanson d'Alcindor sur le cinéma, probablement sur le cinéma Parnasse

1974 : naissance du CMAC qui dans les années 76, au foyer de Bellevue. Salle paroissiale, cinéma paroissial.

1975 : Max Elizé succède à son père à la tête de 19 salles réparties entre la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane

Octobre 1977 : naissance du ciné CMAC, ciné club du CMAC avec à sa tête Roland Suvelor qui suit un axe caribéen, plus particulièrement cubain, cinéma alors le plus prolifique et ambitionne de développer la diffusion cinématographique. créneau : cinéma d'arts et d'essai

1977 : 1ere Semaine du cinéma cubain. Festival du film cubain organisé par le CMAC de Fanny Augiac qui programme 7 longs métrages er 6 courts (La Ultima cena, Lucia, fresque en 3 parties à partir de la vie du peuple cubain dt le dernier épisode s'intitule Lucia de Guantanamera, Cumbite, Mémoires du sous-développement, ...). Le cinéma est en pleine révolution

1979 : Semaine du cinéma québéquois :  8 films et participation du réalisateur canadien JP Lefèvre

  • fin des années 70 et début des années 80 : Les Typico Moderno et arrivée de Tabou Combo

 

1985 : Jean Max Elizé est à la tête de 25 salles dans ces mêmes îles (+ Haïti. depuis quand ?)

17 - 24 juin 1988 : Festival Images caraïbes de Suzy Landau et Viviane Duvigneau qui s'est fixé pour objectif d'assurer la promotion du cinéma caribéen. Communication d'ouverture est celle de Stuart Hall. Depuis 1985, l'association crée une dynamique : projections, conférences, colloques, séminaires, stages de formation fdés sur les cptces du cinéma caribéen, cubain, jamaïcain, martiniquais et guadeloupéen. l'association espère s'engager dans une politique d'aide financière à la recherche pour enrichir le cinéma des Antilles. un institut caribéen.  Quid du projet ? l'asso a-t-elle des archives ?

90's : mort de l'atelier audiovisuel du Sermac (SERvice Martiniquais d'Action Culturelle )

1992 : création du FEMI (Festival International "Femme et Cinéma") de Felly Sedecias, Patricia Lavidange et Lucie Major.

objectif : exprimer les préoccupation des femmes à travers le cinéma et la littérature.

1995 : Ciné Dom + de Greg Germain. Concours scénrio créole remporté par Julius Amédée Laou.

 

2010 : le Lamentin doit ouvrir un cinéma

Il existe une salle municipale à saint Marie et une salle privée aux Anses d'Arlet

 

 

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 20:54

"Quand la journée avait été sans incident ni malheur, le soir arrivait, souriant de tendresse." (Zobel, La Rue Cases-Nègres, 1950)

 

"Cette nuit j'ai vu se dresser à nouveau la Machine." (Carpentier, Le Siècle des Lumières, 1962)

 

"Le pays dépend bien souvent du coeur de l'homme : il est minuscule si le coeur est petit, et immense si le coeur est grand. Je n'ai jamais souffert de l'exiguïté de mon pays, sans pour autant prétendre que j'ai un grand coeur. Si on m'en donnait le pouvoir, c'est ici même, en Guadeloupe, que je choisirais de renaître, souffrir et mourir. Pourtant, il n'y a guère, mes ancêtres furent esclaves en cette île à volcans, à cyclones et moustiques, à mauvaise mentalité. Mais je ne suis pas venue sur terre pour soupeser toute la tristesse du monde." (Schwartz-Bart, Pluie et vent sur Télumée Miracle, 1973)

 

"Franchement, on pourrait croire que j'obéis à la mode. L'Afrique se fait beaucoup depuis peu. On écrit des masses à son sujet, des Européens et d'autres." (Condé, Heremakhonon, 1976).

 

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 17:15

Picasso a illustré le recueil "Corps perdu" de Césaire dont la plus célèbre est la première de couverture de l'anthologie sur Césaire.

"Le poète courroné", eau-forte, frontispice du recueil édité à Paris en 1950 aux éditions Fragrance

Musée Picasso (1996) 5 rue de Thorigny, 75003, Paris, 01 42 74 24 97

Quand ? où ? Qu'en penser ?

 

cf Romuald Fonkoua, Aimé Césaire, Perrin

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19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 02:58

-         Euzhan Palcy, 1995, « Aimé Césaire, une voix pour l’Histoire ou une parole pour le XXI ème siècle »,  Martinique, film documentaire (164 minutes).

 

 

Euzhan Palcy, un regard sur l’engagement

 

La sortie des usines Renault, en 1895, offre une naissance documentaire au cinéma dont la dimension sociale est encore descriptive plutôt qu’engagée comme elle sera construite, au fur et à mesure du XX siècle, par les réalisateurs russes de l’Institut soviétique de cinéma de Moscou, français ou américains de l’entre-deux-guerres, ou plus récemment  par les réalisateurs internationaux face au contexte mondial.

L’engagement au cinéma est donc affaire de cause défendue par le réalisateur, s’illustre aussi bien dans le film de fiction que dans le film documentaire, se manifeste par une réflexion sur les potentialités expressives du matériau cinématographique et ses mises en œuvre et s’analyse à la lueur des soubresauts inégalitaires de l’Histoire.

L’œuvre d’Euzhan Palcy « Aimé Césaire, une voix pour l’Histoire » rompt pour partie avec cette définition et propose l’option singulière d’une visée didactique, argumentative et indubitablement engagée qui pourtant épouse –pour les relier entre elles- les branches poétique et politique de l’engagement de Césaire si souvent opposées, renvoyées dos à dos, l’une utilisée pour récuser l’autre. Si les titres des deux premières parties  « L’île veilleuse » et « Au rendez-vous de la conquête » endossent à l’évidence les postures de l’engagement propres à Césaire en lui empruntant ses mots, l’engagement mémorialiste de la réalisatrice en faveur de l’homme détermine à la fois le titre du troisième volet « La force de regarder demain » et le sous-titre diachronique et proleptique de l’ensemble « une parole pour le XXIème siècle ».

 

Il s’agira d’analyser la mise en scène de l’engagement littéraire à partir du commentaire de séquences extraites de chacun des volets de cette trilogie documentaire.

 http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/cesaire.html

http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/antilles/ 

" Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l'audience comme la pénétrance d'une guêpe apocalyptique. Et la voix prononce que l'Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences, car il n'est point vrai que l'oeuvre de l'homme est finie que nous n'avons rien à faire au monde que nous parasitons le monde qu'il suffit que nous nous mettions au pas du monde mais l'oeuvre de l'homme vient seulement de commencer et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l'intelligence, de la force et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil tourne autour de notre terre éclairant la parcelle qu'à fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite. " Cahier d'un retour au pays natal 

 

 

Cet élégant coffret devrait figurer dans toute dvdthèque. Il comporte les trois documentaires de 52 minutes Aimé Césaire, une voix pour l'Histoire d'Euzhan Palcy et un livret regroupant des extraits rangés par ordre alphabétique de thèmes des paroles de Césaire dans ces documents filmés. C'est une somme incontournable alliant entretiens, archives d'actualité et textes mis en images d'un homme qui a su allier écriture et engagement dans la Cité. L'exercice est délicat et Maryse Condé y rappelle qu'il résume ainsi les contradictions antillaises. Le premier film, L'île veilleuse, résume la vie, l'œuvre et l'action politique du poète. La mise en image des textes s'accroche aux paysages et au labeur des hommes. Le deuxième, Au rendez-vous de la conquête, approfondit l'éthique et la théorie de la Négritude. Il retrace les rencontres de Césaire étudiant à Paris avec les intellectuels de l'époque, et celle, déterminante, avec Senghor. Le troisième, La force de regarder demain, revient sur les désillusions de la colonisation, les dérives de la Négritude, les échecs du tiers-mondisme etc. On y découvre un Césaire lucide mais toujours battant.
Le rapport à l'Afrique est permanent : "J'ai toujours le sentiment que j'ai perdu quelque chose". Il fonde un engagement : "Je voudrais passionnément que mon peuple existe en tant que peuple". Voilà Césaire "à la reconquête de mon nom". Mais dans cette poésie, qu'est-ce que la Martinique ? "Nous sommes, nous résultons du crachat du volcan". La créolité reste ambiguë : "On est créole pour ne pas être africain. La créolité n'a de sens que par rapport à un référent essentiel qui me paraît être l'Afrique". Césaire réagit par rapport à la conception idyllique et paradisiaque des îles qui avait cours dans la littérature antillaise et la recentre sur le "temps de détresse" : "Des hommes séparés brutalement de leur pays, de leur terre, de leurs dieux, de leurs légendes, de leur culture, de leur langue même." Et alors qu'il fallait que pour être universel, il fallait nier que l'on était nègre, "au contraire je me disais : plus on est nègre, plus on est universel". O.B. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Petit article pour le France-Antilles

Euzhan Palcy,  réalisatrice martiniquaise, quand elle propose son travail sur Césaire, ne semble pas déroger au principe élémentaire journalistique qui veut que l’on parte,  lorsque l’on traite d’une personnalité, du domaine dans lequel cette personne s’est distinguée.

Le 1er volet, « L’île veilleuse »,  rend compte de Césaire, homme politique tandis que le 2ème volet intitulé « Au rendez-vous de la conquête » considère Césaire poète et chantre de la Négritude et l’envisage dans le contexte artistique et culturel parisien des années 30.

 

En dépit de la diachronie que présuppose et suggère le titre « Une parole pour le XXIème siècle »

 

 

 

 

 

Article en vue de publication scientifique

Le film documentaire questionne le réel et le prend en charge en le reconstruisant.

 

 

Mots-clé : film documentaire –DVD-

 

Comment ce film documentaire prend-t-il en charge le réel ? et quel réel ? d’un homme, sa biographie publique ou privée ?

 

 

 

 

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29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 17:28

Etat des lieux de la culture et de la pratique numérique disciplinaires en Français dans l’académie de la Martinique.

 

 

Cyberculture, acculturation numérique, école 2.0, Tice, Environnement Numérique de Travail… Et la Martinique ?

Pour un panorama nuancé, voici les regards croisés de M.Yves Bernabé, IPR de Lettres, de M.Louis Richer, conseiller auprès du Recteur pour les Technologies de l'Information et de la Communication pour L'Enseignement., Responsable de la cellule TICE auprès de Mme la Rectrice et  de Mme Josiane Govindoorazoo,  interlocutrice académique disciplinaire en Français.

 

M. Louis Richer[1]

«En guise d’introduction à une enquête à caractère  disciplinaire, qu’en est-il de l’acculturation numérique et de la fracture numérique dans l’académie Martinique ? Quelques chiffres. En maternelle, la moyenne est d’un poste pour 35 élèves, dans le premier degré, c’est une moyenne d’un poste pour 19, en LGT et en LP, elle est d’un poste pour 5 élèves. C’est en collège que le bât blesse : un poste pour 14, alors que la moyenne nationale est à 1 pour 7 élèves. L’effort de dotation est réel réalisé en étroite collaboration avec les conseils. Il y a peu d’établissements totalement câblés, qui disposent d’un ou deux postes d’accès au réseau par classe. La cellule Tice travaille à l’optimisation des relations entre EPLE et niveau académique, avec le réseau S2I2e. Par ailleurs, le déploiement des ENT, décidé par le Ministère, fait depuis la rentrée 2007 l’objet d’une enquête e-TIC afin de faire remonter les informations. Enfin, le programme national de FOAD (formations ouvertes à distance) devient une nouvelle modalité de la formation continue. » 

 

M. Yves Bernabé

« Quid des pratiques pédagogiques en lien avec les Tice ? Au cours des inspections, il y a peu d’utilisation des Tice.

L’année dernière, sur une centaine, deux professeurs ont proposé l’utilisation d’un vidéo projecteur.pour faire la correction d’écrits d’élèves, une fois en Français, une fois en Latin.C’était intéressant. Mais c’est extrêmement rare. On peut l’expliquer de deux façons qui souvent se combinent. D’abord, l’idée fausse, mais qui est là, que devant l’inspecteur, il faut proposer des choses qui conviennent à l’inspecteur, des choses qui soient classiques, sur papier, de l’explication de texte, des voies balisées et traditionnelles. La deuxième raison est que les enseignants de Lettres pratiquent peu les Tice en classe et ils le disent eux-mêmes. Cependant, il est probable qu’ils se servent d’Internet pour préparer leurs cours. Cette pratique n’a rien d’officiel sans avoir été jamais condamnée. Certains devraient pourtant faire attention à ne pas être piégé par l’apparente facilité de cet outil : trouver une séquence sur Internet n’assure pas qu’elle soit valable ; et si elle l’est, cela ne dispense pas l’enseignant de se l’approprier en l’adaptant à sa personnalité, à sa classe, d’en faire son miel. Mais cela reste marginal. Parallèlement, beaucoup de professeurs, au cours des réunions d’équipe, disent leur méfiance vis-à-vis d’Internet. Leur formation, c’est quand même le livre.

Dans un contexte national de web pédagogique et  des pratiques collaboratives, comment expliquer la propension à un tel positionnement dans l’académie ? D’abord, peut-être devrions-nous mieux accompagner cette affaire. Ne pas laisser la technique parler toute seule. Sur la technique, les professeurs entendent beaucoup de choses. Mais sur la pédagogie utilisant la technique, aucun stage, aucune réunion spécifique n’a été organisé. Le pilotage académique n’a pas fait le choix de mettre à l’écart les nouvelles technologies. Au contraire, il souhaite les intégrer. Mais peut-être que le discours tenu par les pilotes n’est-il pas encore entendu par les enseignants. D’autres questions dans l’académie mobilisent les professeurs : les nouveaux programmes, la discipline… C’est en langues anciennes qu’on a le dynamisme autour des nouvelles technologies ;là, elles ne sont pas  considérées comme accessoire parce qu’il faut aller chercher les textes, les images. C’est la distance chronologique et spatiale avec leur sujet qui entre en ligne de compte.

Internet et une certaine spécificité académique : l’insularité ? Il est un peu difficile de se dire que l’on prend sa voiture pour se rendre au festival d’Avignon et de rentrer après. L’insularité et ses conséquences représentent une incitation forte. Mais l’incidence réelle sur les pratiques pédagogiques résiste à l’évaluation au juger. En revanche, l’échange entre professeurs via les forums est vivace, sans qu’il semble que cet échange pédagogique se prolonge sur les sites des établissements qui sont administratifs ou qui font une place à la vie des élèves avec le Journal des élèves.

Quel regard les enseignants posent-ils sur les pratiques collaboratives ? Le cas du site académique de Lettres.

Le site a été créé en 2004-2005 avec un peu de difficulté et beaucoup d’énergie. Les premières pages ont été lancées. On a ouvert les possibilités. Les professeurs ont alors été sollicités. Peu de propositions ont été faites et les collaborateurs de la première heure n’ont pas tous pu poursuivre leur participation. Dans l’ensemble, les professeurs sont assez timides dans la proposition de séquences même s’ils sont tout à fait disposés à les lire. Je continue de demander de faire des propositions que l’on organise avec leur accord. Cette année, j’entends constituer des groupes de travail de professeurs, comme dans toutes les autres académies. La réticence peut être attribuée à la peur d’être jugé par ses pairs.

Ce qu’il reste à faire c’est articuler projet pédagogique et utilisation des nouvelles technologies. »

 

Mme Josiane Govindoorazoo

« De manière générale, pour les collègues de Lettres, le passage au domaine numérique est difficile. Dans le même temps, ils expriment de nombreuses  demandes de formations et d’accompagnement sur site.

Quels Tice ? L’utilisation des TICE correspond à celle du traitement de texte, distingué pour ses fonctions de recherche ou pour la fonction de surlignement des éléments, lors de la lecture analytique des textes littéraires. La production de texte sollicite autant les ordinateurs des établissements que les ordinateurs privés.

Au lycée, la faveur va aux dictionnaires et aux encyclopédies, encouragée par l’actvité de recherche documentaire. Le recours aux dictionnaires et encyclopédies en ligne est encore marginal. La sélection des logiciels est facilitée par l’attribution du label « RIP[2] », appellation «Reconnu d’Intérêt Pédagogique ». En collège SEGPA, ce sont des logiciels d’entraînement à la lecture cursive ou de grammaire pour l’accompagnement des élèves en difficulté. Ils fondent des projets pédagogiques à destination de ceux-ci. En collège du réseau Ambition –Réussite, les logiciels servent également de support aux activités menées par les aides pédagogiques en binôme avec l’enseignant. Enfin, l’académie finance l’aide en ligne à destination des élèves, dispensée à la demande des établissements (Paraschool ou AtoutCned). L’avantage : les élèves disposent d’un login qui leur permet de se connecter chez eux.

Quels enseignants des Tice ? Sur les trois dernières années, la poussée de collègues jeunes a favorisé le développement de l’usage des Tice. Les réticences sont diverses : la première est le manque de temps.

L’obstacle principal réside dans une croyance répandue qui veut que l’outil informatique soit l’affaire de la technologie et des autres disciplines scientifiques. Ce n’est que s’il reste du temps qu’il y a des propositions faite aux autres.

Par ailleurs, si l’action du Rectorat qui a beaucoup investi, est à saluer au même titre que le partenariat fort avec le Conseil Général, le parc informatique devient très vite obsolète. Et la maintenance dans les EPLE qui fait souvent défaut laisse les enseignants démunis, piégés par un matériel parfois déficient puisqu’ils ne dominent pas l’aspect technique.

Quel projet ? Les établissements de rattachement de tous les interlocuteurs disciplinaires de l’académie se sont vus dotés, pour la rentrée 2008 d’un tableau numérique, un TBI (tableau blanc interactif). Dans le cas de la discipline du Français, ce sont tous les champs de la discipline et tous les niveaux qui feront l’objet de cette première expérimentation. Le TBI sera intégré dans tous les cours comme n’importe quel autre outil. Il fournira un accès à Internet en salle. Complémentaire du tableau noir, le TBI sera manipulé par les élèves, gardera trace de tout ce qui aura été fait grâce au paper-board, favorisera le travail de groupes et dynamisera la classe par des manipulations diverses. C’est une révolution mentale de l’enseignant qui doit "être au fond de la classe" ; le professeur, facilitateur, guide dans la recherche ou mène la recherche, sans "être en  avant". Avec le TBI, le savoir se trouve partout. A un clic. La formation à la recherche documentaire qui se fera à l’occasion de sa manipulation continue d’être une compétence transversale construite également  par un travail au CDI et par les collègues des autres disciplines.

Convaincre les chefs d’établissement du bien fondé pédagogique n’est pas simple mais est nécessaire  car c’est eux qui doivent engager les fonds.

…Pour quelle évaluation ? L’expérimentation ne sera pas évaluable par les résultats. Un an, c’est trop court. Mais la facilité d’utilisation par les élèves, plus actifs, impliqués dans la démarche d’apprentissage le permettra.

Utiliser les Tice ne relègue-t-il pas au second plan l’une des gageurs actuelles, la gestion de classe ? Au contraire, avec les classes difficiles et des élèves en grande difficulté, l’ordinateur reste, malgré tout, un outil qui attire.  C’est même un moyen de gérer l’hétérogénéité des classes. Sur l’ordinateur, ils ont la possibilité de faire des activités très différentes tandis que l’enseignant, du poste de gestion, peut aller d’un élève à l’autre. C’est la possibilité de faire acquérir des compétences qui soent en accord avec le rythme de l’élève. La classe pupitre, qui réinvente le groupe classe, peut venir en aide aux élèves.

Quelles actions de formation aux Tice disciplinaires ? Les interventions sur site jusqu’à  maintenant étaient réponse à la demande. L’hypothèse d’intervention se fera par bassin afin de viser des préoccupations particulières. »

 

Conclusion :

Considérer les Tice, c’est envisager le triptyque : infrastructure, services et usage, autrement dit équipement, outil, personnel. Comme dans le rapport e-Educ sur les technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement remis en mai dernier, tous les acteurs de leur mise en œuvre sont convaincus a priori de l’apport pédagogique que sont les TICE. Horizon plein de défi : en Français, dans l’académie, un peu plus qu’ailleurs, tout est encore à faire, particulièrement dans l’élaboration des modalités pédagogiques. Pour que les nouvelles technologies tiennent leur juste place et leurs promesses, elles doivent être pleinement des outils.

 



[1] L’interview de M. Richer n’a été reproduite de manière lacunaire afin de construire une vision globale.

[2]Répertoire des produits Rip jusqu’en 2004, disponible sur http://www2.educnet.education.fr/sections/contenus/rip/les_produits_rip1750

Liste des produits Rip à partir de 2005, disponible sur  http://www2.educnet.education.fr/sections/contenus/rip/listerip2005 

 

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29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 17:26

Glossaire

 

 

CNIL : Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés, instituée par la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés qui la qualifie d'autorité administrative indépendante, a pour mission essentielle de protéger la vie privée et les libertés individuelles ou publiques.

 http://www.cnil.fr

 

DUI : Délégation aux Usages de l’Internet, créée en juillet 2003 etrattachée au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, a pour mission de proposer les mesures nécessaires à l'amplification du développement de la société de l'information au bénéfice de tous et partout.

http://www.delegation.internet.gouv.fr/mission/index.htm  

 

ENT : Environnements Numériques de Travail, ensemble de services en ligne, personnalisés et sécurisés, accessibles aux élèves et aux professeurs mais aussi aux autres membres de la communauté éducative, en particulier les parents.

http://www.educnet.education.fr/services/ent

Plus d’information sur http://www.ent-leblog.net/ent_le_blog

 

Scérén : Services Culture, Éditions, Ressources pour l’Éducation Nationale, désigne depuis 2002, le réseau national du Centre national de documentation pédagogique, composé des 31 centres régionaux de documentation pédagogique et de leurs centres départementaux et locaux édite les produits et services correspondant aux grandes orientations de la politique éducative, et met à la disposition des professionnels des ressources pédagogiques de toute nature, en accompagnant les arts et la culture à l'école.

http://www.cndp.fr/accueil.htm

 

TIC Technologies de l’Information et de la Communication

TICE Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement, qui font l’objet d’une politique du ministère de l'Éducation nationale depuis de nombreuses années en faveur de leur utilisation.

http://www.educnet.education.fr/plan/objectifs

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29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 13:38

in Revue Cultures croisées. Rédaction août-septembre 2008. Publication novembre 2009.


LA DIDACTIQUE DU FRANÇAIS ET LA QUESTION DES SOURCES : SITES POUR LES ENSEIGNANTS ET SITES POUR LES ELEVES (OBJECTIFS, INTERETS ET LIMITE)
Yolande-Salomé Toumson
Mots-clés : didactique du français – web pédagogique – référencement - usage – rapport au savoir


Le processus traditionnel de rendre familier pour tous un nouvel objet sociétal par l'analyse scientifique, philosophique, épistémologique et ici, en l'occurrence, didactique, n'a pas eu lieu : Internet a échappé et continue d'échapper à la domestication par l'analyse. D'abord, il n'est que l'une de ces nouvelles technologies dont l'école doit tirer profit et rapidement intégrer la pratique ; ensuite, il est un phénomène, par nature, toujours en création et en évolution ; par ses plus récentes réalisations, il demeure étrange ou exotique dans la culture scolaire. Malgré une acculturation numérique indubitable marquée par les pratiques individuelles et spontanées des enfants-élèves et des adultes-enseignants, Internet surprend encore l'institution quand il refuse de se constituer en un outil pédagogique stable et fini aux caractéristiques immuables pour devenir, hors de la classe, un recours systématique, une source incontournable. On entend généralement par source, tout à la fois, référence et étalon permettant d'établir la vérité. Or, Internet, depuis que son usage s'est démocratisé, a vu proliférer les rumeurs qui sont, par définition, vraisemblables, fausses et, à l'occasion, diffamatoires. De ce fait, en lien avec l'école, Internet fait question : de quoi est fait le web pédagogique ? une utilisation comme ressource fait-elle d'Internet une source ? Le web pédagogique des enseignants de Français et des Lettres s'est stabilisé autour des sites institutionnels et associatifs. L'absence de moteur de recherche disciplinaire impose un recours encore important aux moteurs de recherche généralistes. Les sites institutionnels ministériels sont réunis sur la page d'accueil du portail de l’éducation . Tous ne sont pas disciplinaires ni didactiques pas plus qu'ils ne sont exclusivement pédagogiques ou consacrés à l'enseignement dans le second degré. Les sites institutionnels consultables par les professeurs de Français ou de Lettres se répartissent entre sites ministériels et sites académiques. La plateforme de recherches Educasources est décrite, par Le guide des sites Internet publics, publié par la Documentation française, comme le portail des professionnels de l'enseignement. Elle se veut "la base des ressources numériques en ligne, sélectionnées et décrites par le réseau Scérén". Elle permet d'adresser une requête à tous les sites référencés, organisés en quatre groupes : les sites du ministère de l'Education nationale, les sites d'autres institutions, ceux des institutionnels étrangers et ceux d'associations. Le projet vise la promotion du dynamisme et du foisonnement des sites académiques qui proposent des mises en oeuvre élaborées par les équipes académiques. On y trouve aussi bien des documents bruts que didactisés. Le site Eduscol dont le projet est de refléter l'actualité des questions nouvelles fait de même par discipline, sans hiérarchisation. Ainsi, dans la brique "français-lettres", apparaissent des informations relatives à des manifestations, comme le Printemps des poètes, à des directives ministérielles, comme l’articulation CM2-6ème ou encore à l'histoire de l'enseignement de la discipline. Enfin, le site Educnet est spécialisé dans les scenarii et fiches pédagogiques autour de l'utilisation des TICE dans la classe ; il s'organise par discipline, par niveau ou par thématique. Les sites institutionnels sont la voix de la loi sur la Toile, sous les auspices des programmes, de documents divers (documents d'accompagnement, interviews des instances, ministres, IGN, IEN, actes de séminaires, annales zéro...). Ministériels ou académiques, les sites ont pour inconvénient majeur l'absence d'organisation de leurs contenus informationnels : l'information n'est donc pas accessible à tous, et moins encore aux non initiés, contrairement aux moteurs généralistes utilisant les critères de référencement. Les sites non institutionnels ont fait leur preuve. D'outils, ils deviennent objets de réflexion. La journée d'études de septembre 2008, en collaboration avec l'INRP, portant sur les Clionautes, Sésamaths et Weblettres, depuis longtemps reconnus fiables et pertinents, en est la preuve. Elle s'attache à l'un des aspects de la mutualisation des ressources : en évaluer les conséquences sur le métier d'enseignant et ses mutations. Weblettres est un site disciplinaire associatif qui fait également office d'annuaire littéraire puisqu'il renvoie à des ressources sur d'autres sites éprouvés, sélectionnés. L'effort d'accréditation est réel ; chacun des sites est présenté de manière synthétique ainsi que le webmestre et ses qualités. Neoprofs n'est pas né de la même impulsion associative que Weblettres ou que le généraliste Café Pédagogique : il a également pris la forme d'une banque collaborative de données et de documents pédagogiques. Sur Magister - comme sur les précédents sites évoqués - sont disponibles des activités pédagogiques, des entrées et des développements théoriques et scientifiques amenant à réfléchir aux points à enseigner, des documents bruts (textes, images, autres médias) mais également des ressources didactisées. La valeur de sources de ces sites disciplinaires est assurée, en amont, par les titres et qualités de leurs modérateurs qui sont habilités à sélectionner les informations et documents mis en ligne. En aval, c’est la capacité de critique de ses utilisateurs, fondée sur leur formation universitaire, qui entre en jeu : un jeune enseignant peut ignorer comment élaborer un cours qui traiterait d'une oeuvre ou d'un point de langue, mais il reste en mesure d'évaluer la justesse d'assertions littéraires ou grammaticales. Des enquêtes menées dans plusieurs académies, comme celle d'Amiens en 2007, ont interrogé les pratiques d'internautes des enseignants à des fins professionnelles hors du temps de la classe. Bien que l''équivalent n'existe pas pour les élèves, on sait cependant que "les élèves citent la recherche d'information via Internet comme étant le premier usage scolaire de l'ordinateur" (Dioni, 2008). Or, le web pédagogique des élèves est bien moins structuré, bien moins traçable que celui des enseignants. Il nécessite pour être étudié une virtualisation des déplacements possibles : sont pris en considération les résultats de la première page des moteurs généralistes, car l’étude réalisée à des fins commerciales par un consultant en référencement et e-marketing indique que, dans plus de 50% des cas, le regard ne va pas au-delà du cinquième rang de la première page. Pour pallier les lacunes, quelques éléments, quoique généraux, peuvent consistuer des indicateurs fiables. C'est à ce titre qu'ils ont présidé à la production d'éléments empiriques à observer. D'abord, le quatrième graphique de l'étude intitulée "Pratiques culturelles de français", publiée par le Ministère de la Culture en 2007, qui cible l'utilisation d'Internet par les particuliers selon l'âge et selon le niveau d'éducation, indique qu'en 2006, 84% des 16-24 ans avaient utilisé Internet dans les trois mois précédant l'enquête. En 2007, 92% de la même tranche d'âge étaient concernés. L'étude ajoute que "la consultation de la messagerie et la recherche d'information sont de loin les motifs principaux d'accès à l'Internet, les différences selon l'âge sont dès lors peu prononcées, qu'ils soient utilisateurs réguliers (se connectant au mois une fois par semaine) ou plus occasionnels [...]". Plus tard, en mars 2008, Le Monde diplomatique publie que "le marché de la recherche en ligne varie beaucoup selon les pays. En France, Google a recueilli 87% de l'ensemble des requêtes soumises par les internautes en 2007". De ces données, on peut poser que la réduction d'Internet à Google correspond à ce que les enseignants assimilent à tort à un manque de volonté de travail ou une absence d'analyse de la part des élèves dans leur rapport à Internet (Dioni, 2005 et 2008) ou encore à la méconnaissance de la nécessaire mise en regard des informations afin d'évaluer la fiabilité d'une source et d'établir la vérité (Chevenez, 2007). Dans le cas du web pédagogique des élèves, le problème premier, plus que de volonté ou de savoir-faire, est celui de l'accessibilité et de l'accession aux ressources. Plus la requête adressée est précise, plus l'élève est susceptible de se voir proposer une première page de résultats intéressante. Ici la précision de la requête n'engage pas tant la pertinence des termes que la spécificité du contenu de cette recherche qui relève strictement de l'enseignement du français en Lycée ou en Collège. L'intentionnalité didactique inhérente aux Instructions officielles réduit la marge d'erreurs, si ce n'est le champ des possibles. Examinons un exemple. Soit la recherche dans le moteur le plus prisé des Français : "Le roman et ses personnages : visions de l’homme et du monde " (cette demande correspond à l’exacte formulation du nouvel objet d’étude de la classe de Première, toutes séries confondues, tel qu’il est paru au Bulletin Officiel) : Google, en réponse génère 553 000 pages en français et autant de nouvelles possibilités de recherche par rebonds avec le lien « Pages similaires ». Malgré ce bruit (les spécialistes de la recherche sur Internet appellent bruit les résultats pléthoriques), les résultats de la première page donnent accès, pour plus de la moitié, à des sources fiables : deux sites académiques (en 8ème et 9ème positions), trois sites associatifs Weblettres, Magister et Etudes Littéraires (respectivement en 2ème, 5ème et 10ème positions), et deux sites d'éditeurs scolaires. Dans le cas de ces derniers, le projet commercial et publicitaire est indéniable, même s'ils ne se classent pas parmi les cinq premiers résultats. En 6ème et 7ème positions, apparaissent d’abord la section extraite du manuel publié puis le catalogue d’un éditeur concurrent. Notons que le premier résultat émanant du Ministère se trouve en 19ème position, sur la deuxième page. Afin de construire l’objet d’étude, d’un site à l’autre, l’on revient sur des savoirs théoriques premiers. Les sources génériques ont successivement un ancrage diachronique ou poétique, spécifique à l’œuvre d’un auteur. La particularité de l’objet d’étude trouve écho dans le développement de thématiques qu’il implique ou suggère. Les ressources informationnelles ou didactisées proposées sont utiles à l’enseignant comme à l’élève, recevables sans le guidage d’un professeur tant le propos est pédagogiquement pensé et formulé, ce qui, on le rappelle, est le propre des sites institutionnels et associatifs recommandés. En revanche, trois des cinq sites les mieux placés, c’est-à-dire présents dans la zone de référencement réputée efficace - successivement, en 1ère, 3ème et 4ème positions - sont problématiques, et leur degré de fiabilité remis en question. Le site qui apparaît en première position ne fera pas l’objet de notre analyse, car il se rapproche d’une mouvance d’Internet que d’aucuns désignent comme « pratique citoyenne » : se réunir pour réfléchir sur un point culturel, social et politique ; son référencement enviable vient de son statut généraliste, d’une inscription forte en marge de l’école en tant qu’institution et à ce titre de son appel à la participation de chacun, spécialiste ou non. Les analyses proposées contiennent parfois des pistes d’entrées qui ne sont pas dénuées d’intérêt, mais elles ne sont pas fondées par un projet didactique institutionnel même si le blog s’est emparé de l’un de ses sujets. Dans le même temps, les sites qui sont les moins fiables au regard des préconisations des Instructions Officielles sont aussi ceux qui laissent le mieux apparaître les profils d’utilisateurs et d’utilisation des élèves dans leurs pratiques privées en lien avec l’école. Le web pédagogique qui intéresse les élèves au premier chef est composé d’un ensemble de sites gratuits ou payants. Dans les deux cas, les sites sont ceux d’entreprises. Cela explique leur référencement avantageux, soutenu par des politiques commerciales agressives (bannières, pop-up, …) qui font partie de l’animation des sites. S’ils proposent exclusivement des ressources didactisées, sous forme de corrections de dissertations, d’explications de texte ou de commentaires composés, on y trouve peu de documents bruts. Là où les enseignants cherchent des pistes pédagogiques de mises en oeuvre des préconisations didactiques, les élèves cherchent des réponses, des corrections, et des exemples de ce qu’ils ont à faire. Le web pédagogique des élèves investit sur la Toile l’espace des cours particuliers, cet espace dit de soutien scolaire. Ces ressources sont-elles fiables ? Constituent-elles des sources ? Scientifiquement, elles ne le sont aucunement. D’abord, elles sont le fait des élèves eux-mêmes, sans que l’on ne puisse jamais déterminer avec assurance comment et dans quelles conditions ils les ont élaborés. Ensuite, les sites se contentent d’héberger ces ressources, les élèves auteurs étant seuls responsables des contenus informationnels. Pourtant, les sites se livrent à de nombreuses manœuvres afin de se rendre crédibles et rassurants. Ils sont souvent déclarés à la CNIL , disposent de labels tels « confiance », du soutien de la DUI , organisme gouvernemental dont l’appui comme le label précédent viennent attester d’une administration du site visant à protéger ses utilisateurs des cyberprédateurs. Ces assurances légales de sérieux n’engagent en rien l’aspect pédagogique et théorique qui représente la raison d’existence du site. Certains sites affichent à côté de leurs articles l’existence d’un comité de lecture, sur le principe des revues les plus respectables, nouveau subterfuge puisque la composition dudit comité n’habilite aucun de ses membres à statuer sur la validité théorique ou didactique du document. « L’exploitation des ressources qu’ils trouvent sur Internet est superficielle : en fait, ils sont très vite consommateurs, ils n’analysent pas. Ils ont l’impression qu’il y a des solutions toutes faites disponibles, pourquoi se casser la tête ? […] questionner Internet pour un problème de maths, chercher des solutions toutes faites, j’appelle pas ça du travail. Ces jugements réciproques, qui se transforment peu à peu en idées reçues, renforcent le malentendu entre professeurs et élèves à propos des TIC » (Dioni, 2008). La pérennité et le succès des sites utilisés par les élèves doivent être attribués, dans un premier temps, à l’aspect général des contenus informationnels qui, pour l’apprenant - celui qui, par définition, ne sait pas encore ou sait mal - sont proches de ceux produits par les enseignants (référence aux mêmes savoirs littéraires, œuvres ou concepts, articulés entre eux de manière complexe, selon un principe discursif qu’il ne maîtrise pas plus). Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ! Dans un deuxième temps, un phénomène doit être relevé : le recours à l’aide d’un professeur sur un forum. Ce que les enseignants désignent comme de la facilité peut également s’entendre, pour certains élèves, comme la volonté de donner à son professeur ce qu’il veut. Qui mieux qu’un autre professeur serait susceptible d’atteindre cet objectif mal pensé ? Le malentendu pédagogique atteint son comble. Le projet enseignant est d’évaluer les savoirs de l’élève et sa capacité à produire un certain type d’énoncés complexes engageant les savoirs construits tandis que celui de l’élève est de ne pas échouer à l’exercice imposé. A la dialectique transmettre-apprendre de l’enseignant s’oppose celle faire-réussir de l’élève. Le web pédagogique a profondément modifié le rapport à l’apprentissage et au savoir des élèves tandis qu’il n’en a rien été pour les enseignants. « La fascination des adolescents pour les technologies et les bénéfices concrets qu’ils en tirent au quotidien entravent leur esprit critique, à un point tel que les enseignants ont parfois du mal à se faire entendre pour redresser des erreurs issues de leurs recherches hasardeuses sur des sites peu fiables. […] Cette obligation de devoir davantage justifier leurs connaissances devant la classe est parfois mal vécue par des enseignants qui se sentent ainsi mis en cause dans leur légitimité. Chez certains, la déception va parfois jusqu’au dépit envers une génération qui ne se prive pas de les juger parfois sévèrement (en les accusant d’être dépassés par la technique), de les contester promptement en s’appuyant sur des contre-vérités tirées d’Internet, alors qu’elle choisit la facilité en ayant une utilisation réductrice des technologies » (Dioni, 2008). Les forums scolaires sont des discussions qui impliquent des élèves qui s’entraident pour la réalisation de l’exercice de l’un d’entre eux. Les contraintes temporelles sont souvent fortes ; l’exercice est pour le lendemain. Ce pan du web pédagogique des élèves repose sur le principe de l’égalité et du partage, usage démocratisé par les communautés de peer-to-peer. La question de la fiabilité ne se pose pas : chacun émet un avis qui peut-être favorablement reçu comme sévèrement critiqué. « La vision étroite selon laquelle le cœur de l’activité formative ou pédagogique, c’est ce qui se passe à certains instants entre des personnes qui apprennent et d’autres chargées de leur enseigner quelque chose, a probablement volé en éclat. […] Il s’agit d’inclure l’acte d’apprendre dans des contextes qui l’humanisent, qui ne le laissent pas seulement à une supposée place cognitive. » (Beillerot, 1996) Sur un forum, l’individu n’est plus élève. Il n’a pas à « faire patte blanche », à justifier son niveau d’éducation. Ses connaissances ne sont pas un fragment d’un savoir universel qu’un autre plus éduqué pourrait connaître mieux que lui. Reportées en classe, ces pratiques égalitaires et d’indistinction, individuelles mais communes au groupe classe, favorisent le refus de reconnaissance a priori de l’autorité de l’enseignant, en tant qu’il serait celui qui sait. B.Juanals considérant le projet encyclopédique dans les évolutions de son procès à travers l’histoire pose la modification profonde d’une logique de stock vers celle des flux. De même, en pédagogie, Internet remplace la figure du maître et du pédagogue, ces détenteurs du savoir par l’internau-cuteur, un autre, un égal qui détient un aspect complémentaire du savoir que je détiens et avec qui je suis libre d’échanger…ou pas. L’arrivée d’Internet à l’école a suscité les mêmes réticences que l’arrivée de la télévision quoiqu’il ait provoqué bien plus de fantasmagories. Depuis, les rêves technicistes ont laissé la place à des exploitations techniciennes et sérieuses de l’Internet, sans pouvoir totalement effacer les réticences du plus grand nombre. Si les études didactiques portant sur l’intégration de l’Internet à l’école commencent à la toute fin de années 1990, c'est sous format papier et, d'abord, autour du world wide web. La première étape a indéniablement consisté en une aide à la compréhension et à la maîtrise de l’outil informatique lui-même, à destination des enseignants, de manière tout à fait pratique. La deuxième ère de cette littérature a été l’occasion d’une campagne en faveur de l’utilisation de cette technologie, de ce nouveau médium. La troisième ère, qui n’exclut pas les deux précédentes et qui a encore cours aujourd’hui, référence les usages scolaires de l’Internet à l’école, dans le temps scolaire et/ou dans l’espace de la classe. Elle recense, par exemple, les scenarii pédagogiques, les blogs et les sites d’établissement, ou les ENT (environnements numériques de travail). Cette littérature témoigne, au même titre que les réformes ou les budgets accordés, d’une mise à l’heure numérique de l’école volontaire, quoique lente au goût de ses détracteurs. Elle postule et acte la nécessité pour les enseignants de se former à toutes les formes des TIC, l’Internet inclus. Reste maintenant à étoffer la littérature scolaire qui se consacrera à la mission éducatrice transversale de l’enseignement que représente aujourd’hui la maîtrise de l’information pour qu’il y ait une utilisation déniaisée d’Internet et un rapport avisé aux ressources qu’il rend accessible. Peut-être faudrait-il, dans le même temps, envisager de rendre concurrentiels au plan du référencement les sites institutionnels et les sites recommandés. Gardons en mémoire que les sources disponibles sont diverses et qu’elles ne font pas toutes autorité. Elles sont généralement regroupées par des hyperliens en fonction de leurs destinataires, enseignants et futurs enseignants, élèves, étudiants et parents. Voici une typologie des ressources se rapportant à la didactique du français susceptibles d’être accessibles sur la Toile, sans en détenir l’exclusivité : on peut entendre par source l’auteur dont émanent des informations à caractère institutionnel et sources non académiques. Disciplinaires, les sources et ressources désignent les contenus didactiques et pédagogiques que sont les séquences, séances, explications de texte, dissertations corrigées. Enfin, les ressources sur Internet sont surtout des supports : textes littéraires (œuvres intégrales ou extraits), documents non littéraires mais ayant trait à la littérature comme les biographies, informations diverses (musées, expositions, ventes de livres). Ces ressources ne sont sources que si elles sont ou peuvent être accréditées. Bibliographie Ouvrages CHARLOT Bernard, Du rapport au savoir, éléments pour une théorie, Ed. Economica, coll. « Anthropos », 1997. JUANALS Brigitte, La culture de l’information, du livre au numérique, Ed. Hermès Lavoisier, 2003. Le guide des sites Internet publics, Paris, Ed. la Documentation française, 2001. MEIRIEU Philippe, Enseigner, scénario pour un métier nouveau, Paris, ESF éd., 1990. GUGLIELMINETTI Bruno, Les mille meilleurs sites en français de la planète, Québec, Ed. Logiques, coll. « Internet », 2000, 8ème édition. Articles AMBRY Odile, «Les ados d’Internet », in Revue Le français dans le monde, n°357, mai-juin 2008, p.57, Rubrique Multimédia. ATABEKIAN (d’), Caroline, « Le Web, support pour le cours de français », in Revue Les dossiers de l’ingénierie éducative, n°58, juin 2007, p.39, Rubrique Applications pédagogiques. BEILLEROT Jacky, « Le rapport au savoir dans les démarches d’apprentissage », in Savoir former, Bilans et perspectives de recherches sur l’acquisition et la transmission des savoirs, Ed. Demos, coll. « Demo Ressources humaines », 1996. GAVEAU David, « L’Internet au service de l’enseignement - apprentissage du français », in Revue Le français dans le monde, n°357, mai-juin 2008, p.62, Rubrique Multimédia pour la classe. Revues Cahiers pédagogiques Octobre 2006 : n°446 - Le numérique à l’école Les dossiers de l’ingénierie éducative n° 55, CNDP septembre 2006 : B2I, C2I Les dossiers de l’ingénierie éducative n°57, avril 2007 : La maîtrise de l’information Les dossiers de l’ingénierie éducative n° 59, octobre 2007 : L'éducation du citoyen internaute Les dossiers de l’ingénierie éducative n°61, mars 2008 : Des outils pour le français et les langues anciennes Revue Argos, La recherche documentaire, n° 36, décembre 2004, disponible sur : http://www.weblettres.net/acturevues/index.php?page=revues&id=3 Publications en ligne Chevenez Odile, Y a-t-il de mauvaises ressources ou «la nourriture des fast-food est-elle dangereuse pour la santé ? », n, les dossiers de l’ingénierie éducative, n °58, juin 2007 disponible sur : www.cndp.fr/archivage/valid/90838/90838-14723-18565.pdf Dioni Christine, Métier d’élève, métier d’enseignant à l’ère numérique », février 2008, INRP, disponible sur : http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/25/95/63/PDF/rapportrecherche0208.pdf Dioni Christine, rapport de recherche : pratiques et usages des TIC par les lycéens - INRP 2005 Disponible sur http://praxis.inrp.fr/praxis/projets/regulTIC Le Monde diplomatique, « Des marchés âprement disputés », mars 2008, disponible sur : http://www.monde-diplomatique.fr/2008/03/A/15672 Pouts-Lajus Serge, Wikipédia, une encyclopédie sans auteurs ?, juin 2007, disponible sur : http://www.cndp.fr/dossiersIE/tribune/tribune200706.htm Conférence Serres Michel, Les nouvelles technologies : révolution culturelle et cognitive, 11 décembre 2007, disponible sur : http://interstices.info/jcms/c_33030/les-nouvelles-technologies-revolution-culturelle-et-cognitive Etudes Enquête Ifop août 2005, les usages Internet des adolescents, disponible sur http://www.travail-solidarite.gouv.fr/IMG/pdf/usages_internet_ado_details.pdf Pratiques culturelles de français – 2007- étude de la DEPS, Ministère de la culture disponible sur www.culture.gouv.fr/deps

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